Antoni Benaiges

dissabte, 14 de novembre del 2015

La impremta a una escola del Maresme - Freinet



L'escola la Nou del Maresme ja té la impremta escolar i ja ha començat a donar-li forma per a lliurar-la al seu alumnat.  Segur que en breu podrem gaudir de textes lliures i de grabats.

 

  
 



 Fotos:  Maria T.

 

[CAT] 

Un dia vaig rebre un correu electrònic d'una persona que vivia entre Barcelona i Paris, la Carmen és compositora i pianista, ella volia composar una òpera en homenatge als desapareguts de la guerra civil i volia que l'expliqués coses del mestre Benaiges.

Una tarda vam fer un cafè i vam parlar de repressió feixista, l'exili, els mestres de la República, les escoles renovadores, de Freinet i de la tècnica de la impremta a l'escola.

Deu dies més tard m'enviava les fotografies d'una vella impremta escolar i de molts tipus (lletres de plom),....el material era del difunt mestre freinetià Pierre Cambus i es trobava a l'estudi de la seva amiga, Geneviève  a Tarbes.  Quan aquella tarda la Carmen explicava a la Geneviève la història del mestre Benaiges ella coneixia perfectament aquesta tècnica i en canvi la Carmen no sabia res, sabia de Pierre és clar però no sabia que fora freinetià.

Després de saber de l'existència d'aquesta impremta vaig demanar a la família d'en Pierre que me la cedissin per a una escola lliure del Maresme que volien fer uns assajos en tècnica Freinet com feien les escoles de la República als anys 30.  La família francesa va accedir i a finals d'octubre feia un viatge de Barcelona- Osca - Tarbes - Irun- Briviesca - Villafranca Montes de Oca per recollir la impremta i fer un passi a Burgos.  En paral·lel una mestra catalana m'enviava un correu preguntant-me d'on podien treure una premsa escolar.

Ara l'escola lliure la Nou del Maresme ja té la impremta i més aviat que tard començaran fer i imprimir els seus propis treballs.  Segur que serà una bona experiència per tots.  I si la cosa funciona aquesta impremta estarà un dia amb una altre impremta, aquesta mexicana a l'Escola Benaiges de Bañuelos de Bureba.

No parece un sueño!


Mercès Geneviève - Pierre Cambus i família i Carmen.

Salut!


[CAST]


La imprenta a una escuela del Maresme-Freinet.


Un día recibí una carta de una persona que vivió entre Barcelona y París, Carmen, compositor y pianista, quería componer una ópera en homenaje a los caídos de la Guerra Civil española, ella quería que le explicara la historia al maestro Antoni BENAIGES. Una tarde, hicimos un café y hablamos de la represión fascista, desde el exilio, de maestros renovadores de la escuela en España durante la República, Freinet y la técnica de la impresión escuela.

Diez días más tarde  recibí imágenes de una imprenta de la vieja escuela y muchos tipos (letras de plomo) .... los materiales fueron del difunto maestro de Freinet el Sr. Pierre Cambuí que estaban en el estudio de su amiga Mme. Geneviève a Tarbes.
Cuando Carmen le explicaba a Genevieve  la historia del maestro Antoni Benaiges, se sorprendió al saber que ella conocía muy bien este método de enseñanza y el Sr. Pierre Cambuí aplicaba  la técnica Freinet a sus alumnos y  ella no lo sabía.
Después de saber la existencia de la imprenta,  he pedido a la familia del Sr. Pierre Cambuí, si podían prestárnosla para la Escuela Libre del Maresme, cerca de Barcelona,  los maestros quieren probar la técnica Freinet como lo hacían los alumnos de la República en los años 30. La familia francesa aceptaron y a finales de octubre,  hice un viaje a Barcelona - Huesca - Tarbes - Irún- Briviesca - Villafranca Montes de Oca (Burgos) a recoger la imprenta y proyectar  la película de la historia de Benaiges "El retratista" en Burgos.

No parece un sueño! 

Gracias, Sra. Geneviève - Sr. Pierre Cambus y família y Carmen.
Saludos



[FR]
L'imprimerie a une école du Maresme-Freinet.

Un jour, j’avais reçu un courrier d'une personne que vivait entre Barcelone et Paris, Carmen, compositrice et pianiste, elle voulait composer une opéra en hommage aux disparus de la guerre civile espagnole, elle voulait que je lui explique l’histoire du enseignant Antoni BENAIGES. Un après-midi, nous avons fait un café et nous avons parlait à propos de la répression fachiste, de l'exile, des enseignants du renouvellement de l'école en Espagne pendant la Republique, de Freinet et sa technique de l'impression à l'école.

Dix jours plus tard je reçois les images d'une vieille imprimerie d’école et des nombreux types (lettres de plomb) .... les matériaux étaient du défunt enseignant  de la pédagogie Freinet, Mr. Pierre Cambuí qui se trouvaient dans l’atelier de son amie  Mme. Geneviève Tarbes.  
Quand Carmen  raconta  a Geneviève l’histoire de l’enseignant Antoni Benaiges, elle fut surprise d’apprendre  qu'elle savait très bien cette methode d'enseignement, Mr. Pierre Cambuí  appliquait  la technique Freinet a ses élèves et elle ne le savait pas.

Après avoir appris l'existence de cette imprimerie, j'ai demandé à la famille de Mr. Pierre Cambuí, s’ils pouvaient la preter pour l'école libre du Maresme, près de Barcelone, ils veulent essayer la technique Freinet comme ils le faisaient les élèves de la République aux années 30. La famille française  ont acceptait et vers la fin du mois d’Octobre j’ai fait un voyage de Barcelone - Huesca - Tarbes - Irun- Briviesca - Villafranca Montes de Oca (Burgos), pour recueillir la imprimerie et projecter le film de l'histoire de Benaiges “El retratista” a Burgos.

Maintenant, la nouvelle école libre “la Nou del Maresme”, dispose déjà de l'imprimerie,  et bientôt les enfants vont  commencer à faire leurs propres travaux d'impression. C’est sur, que ça sera une bonne expérience pour tout le monde. Et si tout va bien, un jour, cette imprimerie, sera a côté d’une autre que nous avons reçu d’une école mexicaine, elles seront toutes les deux  a l’école Antoni Benaiges de Bañuelos de Bureba (Burgos).
No parece un sueño! 
Il semble comme un rêve!
Je vous remercie, Mme Geneviève – Mr. Pierre Cambuí, famille et Carmen.

Salutations.

 








Però,.....qui era en Pierre Cambus? un mestre!



Pierre CAMBUS

Il est bien difficile de différencier l’homme de l’instituteur tant son métier a dominé toute sa vie adulte. Pierre avait un caractère entier, excessif, provocateur, un brin anarchiste. Il défendait farouchement la laïcité et ne supportait pas l’intrusion de la religion à l’école et le prosélytisme de certaines  mamans ou de personnes chargées de la catéchèse. Il aimait ou il n’aimait pas, sans nuances, capable de se dévouer sans compter pour ses amis, de donner de son temps et de sa personne. Il était passionné de pêche et de montagne.

Et…  de pédagogie !

Lorsque je l’ai connu dans les réunions de l’Ecole Moderne, il m’impressionnait et m’inquiétait aussi par sa fougue, ses emportements de langage, ses excès. Et c’est en travaillant avec lui, des années durant, dans la même école que j’ai vraiment découvert ses qualités pédagogiques et ses valeurs humanistes.

Il habitait l’école dont il était directeur, son bureau était son antre où il vivait autant sinon plus que dans son appartement de fonction. Je crois qu’il passait son temps, en dehors de la pêche et de la montagne, à réfléchir à ses cours, à ses recherches mathématiques afin que les enfants découvrent et s’approprient les notions à acquérir.  Il mettait en action toute sa compétence technique pour aider les enfants à finaliser les journaux scolaires qu’ils imprimaient avec les imprimeries chères à Freinet, avant l’ère des ordinateurs, imprimeries qu’il fallait remettre en ordre rigoureusement après utilisation. On imprimait là-dessus les récits des enfants, récits de leur vie, inventions, résultats de recherches, d’enquêtes « historiques » ou « scientifiques », poèmes. On y ajoutait aussi les dessins, et tout ce qui pouvait surgir de l’invention des enfants. On en faisait des petits livrets, des journaux scolaires.

Pierre savait mieux que personne exploiter les apports des enfants, les valoriser, les diffuser, les exposer. Il y apportait un soin extrême, y consacrait tout son temps de telle sorte que chaque enfant, même le plus en difficulté, était fier de ses productions et prenait confiance en lui.

J’ai retrouvé bien des années après, des enfants qui avaient fréquenté nos classes et qui évoquaient avec bonheur  « les années CAMBUS »,  et se souvenaient avec émotion de spectacles créés à partir de leurs histoires : « Tu te rappelles de la tortue qui traversait la piste d’aéroport et à empêché le décollage d’un avion ?.... ». Souvenir, souvenir… Il avait fallu inventer la suite de ce fait divers vrai rapporté par un enfant ; nous avons écrit l’histoire, inventé des dialogues puis monté  un spectacle de marionnettes et théâtre d’ombres où Pierre s’était dépensé sans compter pour fabriquer, installer, monter les décors, travailler sur la musique… toute une partie technique de grande qualité qui m’émerveillait et les enfants aussi. Nous, nous avions des idées, les plus folles, lui, les mettaient en actions et en musique…Et après il fallait répéter, apprendre à bien parler, à exprimer ses sentiments… Et quelle joie d’inviter les autres classes, les parents à venir voir, écouter…

Avec les parents, comme avec les collègues, il était merveilleux … ou… horrible selon qu’il aimait ou qu’il n’aimait pas. Aussi la sélection se faisait toute seule : certains parents n’hésitaient pas à conduire les enfants à l’école d’Odos pour son enseignement ; d’autres les inscrivaient ailleurs. De la même façon certains collègues fuyaient notre école ou souhaitaient y venir. Ce qui permettait de travailler ensemble, d’échanger, de créer des ateliers avec la participation des parents.

Dans la classe, Pierre était le « maître absolu », il décidait de tout ce qui concernait les programmes, bien sûr, mais aussi de la conduite de la classe. Pas de pédagogie institutionnelle. Par contre, il était très attentif à chaque enfant, très à l’écoute de ses problèmes ou de ses difficultés. Il était capable de grands « coups de gueule » qui impressionnaient sans faire vraiment peur ; les enfants savaient qu’il n’aurait jamais fait de mal à personne.

Je voudrais relater 2 cas d’enfants passés dans la classe de Pierre et qui s’en sont sortis surtout grâce à lui.

Frédéric est arrivé à 6 ans en grande difficulté physique, psychique et bien sûr scolaire. Il avait été adopté 1 an avant par des parents tout à fait conscients de son handicap : il avait eu une hémiplégie, des  troubles visuels graves ; c’était un petit animal terrorisé qui avait connu un début de vie  certainement assez terrible et des sévices physiques et psychologiques. L’école, et en particulier Pierre et moi,  avons mis 3 ans à l’apprivoiser, à lui apprendre à lire, à compter, à s’exprimer avec l’aide de ses parents dévoués qui venaient dans la classe pour écouter nos leçons et répétaient à la maison. Grâce à Pierre, Directeur, nous avons gardé Frédéric à l’école de son village, près de sa famille où il avait trouvé l’amour, avec ses copains. Nos collègues des grandes classes ont continué. Pas un autre directeur, avec une pédagogie plus classique, n’aurait accepté cet enfant en si grande difficulté. Actuellement Frédéric est adulte, bien que toujours légèrement handicapé, il a un emploi en CDI dans la commune et donne toute satisfaction. Il vient me voir régulièrement et évoque ses années de « renaissance » à l’école d’Odos.

Hélène était autiste, d’une très grande intelligence, mais comme souvent chez ces enfants-là, incapable de communiquer vraiment surtout avec les autres enfants.
Dans ma classe pendant 2 ans, il y a eu des moments très difficiles, il lui arrivait de crier, de pleurer, de se rouler par terre et il était parfois impossible de la calmer sauf en la prenant dans les bras pendant un long moment en interrompant totalement le fonctionnement de la classe. La sortir de l’école comme le conseillait le psychiatre, la conduisait… à l’hôpital pour enfants… La situation devenait critique  jusqu’au jour où…

Elle avait piqué une énorme crise et ça faisait au moins 20mns qu’on ne travaillait plus. Epuisée, j’ai pris Hélène à bras le corps et je l’ai amenée, hurlante, à Pierre, lui demandant de la prendre en charge jusqu’à midi.

Il s’est passé alors une scène homérique où Pierre hurlait, l’insultant même, et où l’enfant répondait avec autant de force et de violence ; les portes des classes voisines s’ouvraient doucement et les collègues s’interrogeaient. Puis, d’un coup tout s’est calmé et le travail a repris. L’après-midi, Hélène est revenue dans ma classe m’a déclaré qu’elle ne voulait plus aller chez Pierre qui « était très très méchant ». A partir de là, elle a réussi à se contrôler, à dominer ses crises et le climat de la classe s’est apaisé. En fin d’année on lui a laissé le choix de son futur maître puisqu’il y aurait 2 classes de CE2, et sans hésiter elle a choisi… Pierre.

Voilà un merveilleux exemple de ce que ce maître exceptionnel avait réussi. Sa thérapie brutale a été salutaire, il a su s’imposer, là où moi j’avais échoué, et a réussi à sortir l’enfant de son enfermement. Il a sauvé Hélène de l’hôpital psychiatrique. Par la suite elle a poursuivi sa scolarité à l’école primaire, au Collège, au Lycée. Elle a même fait des études supérieures et a trouvé un emploi dans une Banque : elle a même fondé une famille. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’elle est sortie totalement de l’autisme mais la personnalité de Pierre et ses pratiques pédagogiques lui ont permis de s’en tirer le mieux possible.

Je garde de cette période des souvenirs merveilleux, de travail, de relations pédagogiques intenses, de fêtes avec les parents, les enfants. Pierre y contribue grandement et je suis fière de lui rendre hommage aujourd’hui comme lui ont rendu hommage ses collègues et amis réunis en haut de la montagne, il y a quelques années, pour célébrer son départ vers un autre monde.

J’ai soumis ce texte à quelques amis et collègues de l’école Freinet, à Jean, à Monique, à Gérard. Il a été approuvé et je vous le transmets pour que vous en fassiez l’utilisation que vous désirerez.

Annie BOUBE
Le 1er février 2015